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  • Photo du rédacteurThimoté Lebrun

Difficulté et inclusion : comment s'adapter à son public ?

Dernière mise à jour : il y a 42 minutes

Gérer la difficulté de son jeu est un véritable casse-tête, principalement parce qu'elle est subjective. Ce qui constitue un challenge pour soi peut-être une promenade de santé pour les autres. Le défi est de trouver l’équilibre entre un jeu trop difficile et frustrant, ou trop facile mais ennuyant.

 

Auteur : Thimoté Lebrun, co-président de Kruptos.

Étudiant en sciences politiques et chargé de projet Living Lab alternant au Dôme, j’explore et expérimente les outils ludiques et participatifs depuis plus de 3 ans.


 

Les jeux sérieux sont souvent envisagés comme des outils de médiation inclusifs, faciles à prendre en main et interactifs. Mais si votre public ne comprend pas les règles, se sent frustré par la complexité des mécanismes, ou n’arrive tout simplement pas à interagir avec l’objet, c’est un coup d’épée dans l’eau.


Comment s’assurer que le jeu que l’on conçoit est bien adapté à son public ?



La charge mentale


La première erreur à ne pas faire est de multiplier les règles, les éléments de jeu et les différents modes d’interaction avec le joueur. À trop vouloir coller à la réalité du sujet que l’on aborde, on peut superposer un ensemble de règles qui, multipliées entre elles, créent de trop nombreuses façons de jouer.


L’exemple parfait est le Risk, et les jeux de stratégie en général : entre les territoires contrôlés, le nombre d’unités sur les territoires, la valeur de ces unités, multipliés par le nombre de pays frontaliers, les unités ennemis et les dizaines de stratégies adverses possibles, le joueur peut vite crouler sous l’information.


La question à se poser est la suivante : combien de paramètres la joueuse ou le joueur doit gérer en même temps ?


▶ CONSEIL : Listez et limitez le nombre de catégories de points, cartes et jetons. Vous pouvez également réduire la difficulté en créant une synergie entre ces différents systèmes pour qu’ils fonctionnent ensemble de façon intuitive et harmonieuse.


Crédit photo : Michał Parzuchowski, unsplash.com



Les pré-requis techniques et culturels


Cela paraît souvent évident pour les concepteur·ices, mais les mécanismes de jeu font souvent références à des systèmes culturels et techniques existant dans la vie réelle. Imaginons qu’un alien découvre le Monopoly et que par miracle il comprenne la langue dans laquelle la règle est écrite. Il ne pourra pas y jouer pour autant : il ne connaît ni le système monétaire, ni la logique de propriété foncière.


Pour s’assurer que les joueuses et joueurs comprennent les enjeux et les mécanismes qui existent sur vos thématiques, assurez-vous qu’ils soient clairement explicités et vulgarisés dans les premières minutes de jeu.


▶ CONSEIL : Dans un premier temps, organisez des sessions de jeu auprès de votre public cible en présence d’un médiateur. Fixez vous un objectif sur le temps d’explication des règles et la fréquence à laquelle les personnes arrêtent de jouer pour aller lire la notice.





Les compétences requises


Jouer consiste à atteindre des objectifs selon des règles fixées par le jeu. Elles peuvent être explicitées (jeter le dé pour se déplacer, et atteindre la ligne d’arrivée) ou cachées (vous devez ouvrir une boîte mais il faut trouver la méthode pour le faire).


Pour bien gérer la difficulté du jeu, choisissez quels éléments du jeu sont explicites, implicites, ou accompagnés par un·e médiateur·ice. Voici un exemple avec SéduQ :

  • Les objectifs : draguer quelqu’un = explicite

  • Les moyens d’atteindre l’objectif : dialoguer en choisissant des cartes = explicite

  • Les connaissances nécessaires pour mobiliser les moyens : une intuition ou de l’expérience dans le domaine de la séduction et du consentement = implicite ou accompagné


L’enjeu est d’identifier le degré de réflexion que vous souhaitez imposer aux joueur·se·s : fixer ses propres objectifs, développer des stratégies, analyser un contexte, suivre des consignes, seul·e ou collectivement…


▶ CONSEIL : Prévoyez un·e médiateur·ice pour les compétences directement en lien avec votre sujet de sensibilisation, et assurez-vous que la difficulté se concentre uniquement sur cet aspect du jeu. Cela permet de libérer de l’espace pour débattre des questions qui importent plutôt que sur des stratégies purement ludiques.



EN BREF


Il ne faut pas voir la difficulté comme une contrainte : c’est un levier pour pousser les joueur·se·s à apprendre, débattre, se dépasser, coopérer. Faire médiation, ce n’est pas éliminer les difficultés : c’est donner aux personnes les moyens de la surpasser !


 

▶ Pour découvrir d'autres jeux-outils, rendez-vous sur notre catalogue !



Crédits photos de couverture : Ross Sneddon, unplash.com



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